jeudi 29 novembre 2007

Une idée pour aller mieux

- Hey Stéphane, qu’est-ce que t’en dis qu’on change les mots aujourd’hui? Et pas juste les mots, la signification des expressions aussi. Genre, que les choses qu’on dit voudraient dire d’autre chose et les gens seraient genre tous fourrés. Comme un peu du détournement situationniste, mais moins drôle.
- Je sais pas trop Jean, qu’est-ce que t’as en tête?
- Ben, pour commencer on peut changer les mots des choses qui parlent d’affaires tristes ou dégueulasses.
- C’est pas clair.
- Laisse moi te donner un exemple. Y a personne qui aime ça entendre parler de morts atroces de civils sous les bombes incendiaires, particulièrement quand c’est des femmes et des enfants. Ça nous fait penser que ça peut puer un kid qui crame.
- C’est vrai.
- Si on appelle ça un dommage collatéral, c’est un peu comme quand tu maganes un peu ton gyproc en posant un cadre. C’est collatéral. Et c’est dommage. Mais c’est pas grave, il y a rien qui chlingue la chair brûlée et y a pas de familles détruites. C’est juste du gyproc. Tu vois?
- Dans le fond, c’est juste rendre service aux gens. On changerait les mots qu’on utilise pour pas écoeurer les gens avec des expressions dégueulasses, trop crues, surtout avec 21 heures, l’heure où les petits se couchent et où on commence à voir des seins à la TV. C’est brillant. Pis en même temps, c’est ben plus l’fun de se concentrer sur la précision des bombes que de savoir sur qui ça tombe.
- L’avantage de ça, c’est qu’on peut l’appliquer à plein d’autres occasions. Genre, le mot torture. Ça aussi ça fait penser à des gens qui crient, qui ont mal, qui diraient n’importe quoi pour que ça arrête enfin.
- Et puis?
- Tu appelles ça « abus » et c’est réglé. Non seulement, un « abus » ça arrive pas souvent, c’est pas généralisé, donc c’est juste une exception, mais en plus c’est assez vague pour vouloir dire n’importe quoi. Par exemple, j’ai trop bu hier, c’était de l’abus. Je me sens pas trop bien ce matin, mais ça a rien à voir avec se faire arracher les ongles ou bien être obligé de rester debout pendant deux jours.
- Je me sens déjà mieux.
- Même que la torture peut être appelée « interrogatoire musclé ». Ça ferait ben plus penser à quelqu’un en forme, à quelqu’un qui s’entraîne qu’à quelqu’un qui se fait casser la gueule. Tu penserais à Ed Hochuli, tsé l’arbitre musclé de la NFL, pas au petit Rachid qui est plus capable d’ouvrir les yeux à force de se faire taper dessus.
- C’est pas fou pantoute ton idée.

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